Située en bordure de l’Allier, sur la rive Ouest à Pont-du-Château, la mine du Champs des Poix, aujourd’hui inaccessible, reste un lieu emblématique pour les amateurs de minéralogie. Ce site est connu pour ses cristaux de quartz d’une taille parfois impressionnante pour le contexte géologique ainsi que ses boules calcédonieuses de belles dimensions également. Ces minéralisations sont souvent encroûtés d'une pellicule blanche de lussatite et constituent un véritable trésor pour les passionnés et les curieux. De nombreux musées renferment des spécimens récoltés au XIX^ème siècle comme le Musée Lecoq de Clermont-Ferrand, le Musée de Géologie de Lausanne (Suisse) ou encore le Muséum d'Histoire Naturelle de Londres. Ils sont aujourd'hui beaucoup plus rares sur le marché...

Photo de droite : Fleur de quartz recouverte d'une pellicule laiteuse de lussatite et perles de lussatite bleue sur pépérite bitumineuse de la Mine du Champs de Poix, Pont-du-Château, Puy-de-Dôme, France - Collection du Muséum d'Histoire Naturelle de Londres - © Ralph Jolyon

Durant les années 2000, de nombreuses prospections ont été menées sur ce site par Mikaël Boullot. Ce lieu, autrefois théâtre d'activités minières, se distingue par son environnement géologique unique. Les dalles calcaires glissantes bordant la rivière ont été un terrain de jeu pour bien des chercheurs en quête de minéraux.

C'est en observant les affleurements dévoilés par le niveau bas de la rivière Allier en période estivale, que Mikaël a pu révéler les premiers indices de ces couches calcaires. De petites traces de perles siliceuses guttulaires et de petits cristaux de quartz ont été identifiées, suscitant en lui un vif intérêt.

Un tournant dans l’exploration du site a eu lieu en 2008, lorsque, profitant d’un niveau d’eau exceptionnellement bas, Mikaël et l'un de ses confères ont mis au jour une structure remarquable : une faille remplie de sable et d’herbes dans une couche de pépérite (brèche issue de l'activité volcanique explosive liée à la rencontre d'un magma basaltique et de sédiments gorgés d'eau). En creusant dans cette faille, une magnifique découverte a émergé : une "fleur" de lussatite d'environ 2 cm de diamètre ! Mais la surprise ne s’est pas arrêtée là. En dégageant la faille sur près de 4 mètres de longueur et 70 cm de profondeur, plusieurs fleurs de lussatite, de taille moyenne (3 cm de diamètre), ont été découvertes, accompagnées de petites perles souvent beige foncé. Ces spécimens étaient délicatement posés sur des microcristaux rhomboédriques de calcite marron. En plus des fleurs et perles, des microcristaux de pyrite cubique ont été trouvés, ajoutant une touche métallique et dorée au tableau minéralogique de cette faille. La pépérite quand à elle, comporte des petites cavités remplies de minuscules cristaux d'analcime parfaitement transparents. La plupart des spécimens, dépourvus de matrice en raison de l’altération des premières couches de roche, illustrent la fragilité et la beauté éphémère de ces minéralisation.

L’observation au microscope optique en lumière polarisée analysée met en évidence que les fleurs siliceuses de Pont-du-Château sont constituées d’un cœur de calcédoine. Cette dernière, une variété fibreuse et microcristallisée de quartz, contient de l’eau interstitielle et se distingue par son organisation unique. Les fibres de calcédoine révèlent, sous polarisation, des bandes d’extinction périodiques, une caractéristique qui atteste de la rotation des fibres autour de leur axe d’allongement. Ces fibres se prolongent ensuite pour former des cristaux automorphes de quartz, qui composent les pétales des fleurs, conférant à ces structures leur apparence remarquable.

Une distinction essentielle entre ces formations et celles composées de lussatite réside dans l’allongement optique des fibres. Alors que la lussatite, décrite par Mallard en 1890, possède un allongement positif, les fibres de quartz des fleurs siliceuses de Pont-du-Château se caractérisent par un allongement strictement négatif. Cette différence constitue un critère de détermination précieux pour séparer ces minéralisations. Par ailleurs, les seules fibres à allongement positif observées dans ces formations apparaissent sous forme de fines pellicules recouvrant la surface des cristaux de quartz. Ces pellicules confèrent à ces cristaux un aspect laiteux, similaire à celui de l’échantillon conservé au muséum d’histoire naturelle de Londres (photo principale). Les "fleurs de lussatite" n'en sont donc pas, bien que ces minéralisations soit extrêmement esthétiques.